MestreTusevo

Interview :

“J’ai découvert la capoeira en 1994 en région parisienne, elle m’a rappelé les jeux martiaux de mon enfance à Kinshasa. Je me suis alors entraîné avec différents groupes et ai participé à différents événements et stages dans le monde. C’est à Salvador de Bahia (Brésil), en fréquentant les académies de nombreux maîtres reconnus, que j’ai pris conscience de l’héritage culturel bantou de la capoeira Angola.

En 2004, j’ai créé en France l’association sportive culturelle et sociale Ndubi qui promeut la pratique de la capoeira Angola afin d’humaniser les espaces socio-urbains et de favoriser l’intégration des jeunes en situation d’exclusion sociale.

En 2007, j’ai rencontré Mestre NecoPelourinho lors d’un stage et l’ai invité à Paris dans mon groupe. Nous avons organisé le 1er festival de capoeira Angola dans les Cévennes (France), en mai 2014. C’est durant cet événement que Mestre Neco me donnera le titre de mestre de capoeira angola.

Aujourd’hui, je veux relever le défi d’instaurer la pratique de la capoeira Angola auprès de la jeunesse kinoise en leur transmettant ce que la capoeira a pu m’apporter et ce que j’ai pu apprendre durant toutes ces années. La pratique de cette discipline donne au sportif la force mentale de se redresser et d’affronter la vie, dans un monde difficile.”

Le MESTRE DE LA CAPOEIRA

L’histoire africaine, le patrimoine légué par les ancêtres, les masques d’hier, le nganga …une problématique ! Les racines culturelles sont aujourd’hui souvent isolées et exposées en vitrine, coupées brutalement du présent et du futur. Evoquer les associations secrètes qui en RDC, avant les colonies, structuraient les sociétés, équivaut à pactiser avec le diable. Pourtant celles –ci résistaient à l’envahisseur, structuraient et géraient les communautés. Presque examinée comme une bête de foire, l’histoire africaine plonge dans les limbes.

Vous trouverez dans cet espace, des photographies, des reproductions de gravures et d’aquarelle qui restituent ce passé avec objectivité. L’Institut des Musées Nationaux du Congo et le Musée Royal de l’Afrique centrale de Tervuren ont appuyé notre démarche. Nous les en remercions et sommes fiers de ce partenariat solidaire.

Notre équipe a choisi d’évoquer la prestance des villes fluviales, des capitales de l’Empire Kongo. Admirez Mbanza Kongo, appelée aussi São Salvador, telle qu’elle était au 17ème siècle. Admirez la ville de Loango, dans le royaume du même nom. Fonctions défensives, politiques, religieuses, commerciales. Autonomie et ouverture…

Une aquarelle présente la triste traite des esclaves. S’enclenche alors une sinistre déportation, et très heureusement une résistance, au sin du Brésil. Ils sont partis humiliés, sans objet, mais dans leur tête, dans leur cœur, résonnaient la musique de leur royaume, les proverbes de la mukanda, les berceuses de leur maman. Pour certains, certaines, les coiffures étaient un réceptacle pour les graines du terroir, pour les médailles des Antonins, pour les symboles reliant à Kimpa Vita.

La capoeira raconte cette histoire douloureuse. Acte de résistance, elle fonde les cœurs, et aujourd’hui elle représente pour Junior Nsiona plus encore qu’une discipline sportive, un art de vivre et une authenticité africaine qui permet et permettra de résister à des maux bien contemporains comme les mécanismes capitalistes.

L’artiste, le Maître s’est forgé sur les 3 continents : Afrique, Europe, Amériques. Précurseur et visionnaire, intellectuel et sportif, il recrée pour vous l’atmosphère des guerriers du Mani Kongo. La calebasse, cette humble carapace végétale, a abrité les plus grands mystères. Elle est notre coupe du Graal, à nous, Africains. Elle a réussi à apprivoiser l’arc guerrier pour le muer en arc musical, le berimbau, propice à penser la PAIX.